Qu’est ce que la Blockchain ? Lorsque j’accompagne mes clients dans leurs réflexions de transformation digitale, même si mon expertise est sur la transformation digitale des fonctions commerciales et marketing, certains me demandent s’ils ne pourraient pas intégrer la blockchain dans leurs processus de relation client. Cette question est délicate, dans un premier temps, si cette question est posée comme telle, elle prouve une certaine méconnaissance du concept de blockchain. Et c’est logique quelque part, la blockchain est un des wordbuzz du moment bourré de promesses mais dont la définition est compliquée et bien souvent abstraite.

L’idée de cet article n’est pas de rentrer dans une définition technique de la blockchain, je laisserais cet exercice aux cryptographes et aux informaticiens passionnés. Je vous propose plutôt de faire un tour d’horizon des promesses de la blockchain tout en essayant de vous expliquer les grandes lignes de son fonctionnement avec quelques exemples. Pour terminer, je vous présenterais mon avis sur les limites actuelles de cette démarche.





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Les promesses de la blockchain

Bien plus qu’une technologie la blockchain est une démarche porteuse de sens et d’espoir répondant à l’actuelle crise de confiance du peuple face à toute forme d’élitisme et de régulation. En effet, la blockchain promet d’être une solution de décentralisation et de désintermédiation assurant la sécurité d’échanges d’information ou de transactions en totale transparence et sans avoir recours à des tiers de confiance (notables, banquiers, assureurs, comptables, AirBnB, Uber, etc.). L’ADN même de la blockchain est donc la confiance.

La blockchain part du principe que personne n’a besoin de faire confiance à personne pour effectuer un échange, il suffit de faire confiance à un tiers universel qui est la somme de l’ensemble des parties prenantes du système de transaction. En simple, tout le monde vérifie pour tout le monde.

Pour illustrer avec un exemple simple ce que serait une économie gérée par un système de blockchain, imaginons que notre monnaie ne soit plus l’euro mais une valeur virtuelle gérée par une blockchain, et que vous deviez payer vos impôts. Vu que la blockchain assure la transparence totale des échanges et l’intégrité des informations, vous pourriez savoir exactement comment est dépensé votre impôt par le gouvernement.

Le Bitcoin totalement développé sur une technologie Blockchain est le plus bel exemple de réussite de cette démarche avec une valorisation de plus de 10 milliards de dollars US.

Petite information : on parle souvent de Bitcoin comme une monnaie électronique, mais en réalité l’euro est lui aussi majoritairement une monnaie électronique (sur 11Mds d’euros, seulement 1Md est de la monnaie en cash), ce qui les différencient c’est leur colonne vertébrale technologique qui elles sont totalement opposées : le bitcoin est décentralisé tandis que les banques ont justement un système ultra-centralisé.

 

Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est avant tout une démarche technologique basée sur la cryptographie permettant d’enregistrer des échanges. Pour faire simple : C’est comme un grand livre de compte où les pages seraient des fichiers accessibles à tous sur internet et ces fichiers seraient garantis inaltérables par un réseau de pairs indépendants et incorruptibles.

Le principe de la blockchain est que toutes les informations sont stockées dans des fichiers qui plutôt que d’être centralisés dans la même base de données, les fichiers sont distribués auprès des utilisateurs du réseau d’échange. Ainsi, il existe autant de copies  que d’utilisateur sur le réseau, ce qui rend l’information non seulement ultra transparente, on sait tous, tout ce qui se passe sur le réseau, mais en plus, pour pouvoir pirater le réseau il faudrait modifier tous les fichiers qui existent ce qui est quasiment impossible.

Avec ce système, n’importe qui peut écrire une transaction dans ce nouveau registre distribué global, il suffit d’écrire la transaction dans le fichier et de partager ce fichier avec les autres utilisateurs pour qu’ils sachent que la transaction a été effectuée.

Chaque transaction sur le réseau est validée par une méthode de cryptologie asymétrique permettant de vérifier que la transaction est autorisée par les deux utilisateurs de l’échange et que cette transaction est faisable (j’ai les moyens financiers, ou je possède bien la propriété de ce bien).

Il faut ensuite synchroniser tous les fichiers afin que tous les utilisateurs sachent qu’un nouvel échange a été réalisé et qu’il doit être enregistré. Le risque est qu’il y ai deux transactions qui soient effectuées dans le même temps sur deux fichiers différents : quel fichier doit être synchronisé en premier ?

Pour résoudre cette problématique, les ordinateurs doivent résoudre un problème mathématique informatique qui se complexifie en fonction de la charge de la blockchain (plus elle est active plus les problèmes sont complexes), le premier ordinateur qui résout son problème peut valider son fichier, et la boucle recommence. Ce principe est appelé la preuve de travail ou Proof of Work.

D’autres blockchain travaillent sur une preuve d’existence : Proof of stake.

Comment fonctionne une blockchain

 

Pour assurer l’inaltérabilité des fichiers, chaque block dans la chaîne contient une clé de contexte : une partie du block précédent est intégré dans le nouveau block, ainsi si un block antérieur est modifié toute la blockchain s’écroule. Plus le temps passe, plus une blockchain est inviolable, c’est pour ça qu’il est indispensable que la blockchain soit très active et que de nombreux blocks s’ajoutent afin de sécuriser les blocks précédents.

Exemple sécurité d'une Blockchain

Quels sont les bénéfices d’une blockchain ?

Les bénéfices sont principalement éthiques et financier.

  • D’un point de vu éthique, la totale transparence et la désintermédiation est clairement une réponse positive à la crise de confiance qui existe actuellement.
  • Vous donnez plus de pouvoir aux utilisateurs tout en ayant des processus simplifiés et une haute qualité d’information : Les process sont gravés dans le marbre, et les données inaltérables.
  • Financièrement, l’architecture d’une blockchain est bien moins coûteuse qu’une technologie centralisée puisqu’elle nécessite moins de machines, peu de support et les données y étant inaltérable il n’est pas nécessaire de mettre en place de grosses équipes de MCO/QUALITE.
  • Dans certaines situations, la blockchain permet de considérablement réduire les temps de transaction (banque notamment).

 

 

Quels sont les points de vigilance des technologies blockchain ?

  • La blockchain est une architecture naissante qui connait de nombreuses limites technologiques notamment des problème de performance (les mineurs de BitCoin réalisent 450 000 trillions d’opérations par seconde pour résoudre les problématiques de Proof of Work : dans certains cas le coût en électricité devient supérieur à la rentabilité du Bitcoin) ou encore des problématique de scalabilité (le BitCoin ne peut pas traiter plus de 7 transactions par seconde (tps) comparés aux 2000 tps de VISA par exemple).
  • La sécurité de la blockchain est problématique en bout de chaine : sur l’utilisateur final puisque si ce dernier perd sa clé privée et que des transactions sont effectuées sans son accord, les données seront inaltérables compte tenu des principes vus précédemment.
  • Afin que la blockchain soit sécurisée, elle doit continuellement incrémentée de nouveaux blocs afin de sécuriser les blocs précédents. Si la somme des puissances de calcul des utilisateurs honnête est inférieure à la somme de calcul des utilisateurs souhaitant tricher, alors la blockchain sera corrompue.
  • La transparence n’est pas idéale dans le monde économique actuel. Quasiment aucune société ne souhaite voir son chiffre d’affaires totalement transparent et exposé à tous ses concurrents ou ses créanciers.
  • La blockchain enregistre continuellement de nouvelles informations sans jamais rien supprimer, on a donc une problématique de stockage exponentiel qui n’est a priori pas viable à long terme.
  • Le cadre réglementaire va probablement évoluer pour s’adapter à ces nouvelles pratiques de transaction.
  • Actuellement, la blockchain fait circuler très peu d’information : Acheteur A, Montant achat, bien acheté, Vendeur V. On est très loin des plus de 100 champs nécessaires pour effectuer une transaction bancaire légale.
  • Les blockchain privée ou de consortium sont une aberration, c’est utiliser une techno de décentralisation pour la centraliser, c’est plus compliqué que la centralisation.
  • Le créateur du système de blockchain doit accepter d’en perdre immédiatement le contrôle et il ne peut pas en tirer un profit particulier, car s’il en tire un profit cela signifie qu’il a un pouvoir supérieur aux autres acteurs de la chaîne pour inscrire des blocs. Le système est alors corrompu.

 

Et vous, que pensez-vous de la blockchain ? Est-ce viable, révolutionnaire ou encore est-ce que tout devrait-être aussi transparent ?

A très bientôt !

Florian Pouvreau
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